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Le plus ancien kérygme sur la mort et la résurrection de Jésus

Comme saint Paul nous le rappelle dans sa première lettre aux Corinthiens : « si le Christ n'est pas ressuscité, alors notre prédication et notre foi est vaine ». La résurrection de Jésus est réellement le fondement de notre foi.  Dans cette même lettre, il nous transmet aussi ce que plusieurs exégètes croient être l’expression la  plus ancienne du kérygme chrétien, c'est-à-dire l'affirmation de la mort et de la résurrection de Jésus. Voici le kérygme, tel que saint Paul le décrit dans sa lettre :


La première lettre aux Corinthiens a été écrite par saint Paul aux alentours de l’an 54 ou 55, ce qui veut dire au maximum 25 ans après la mort de Jésus. Cependant, selon plusieurs exégètes, on peut vraisemblablement penser que ce Kérygme aurait été formulé très peu de temps après la mort et  la résurrection de Jésus. Voici quelques raisons qui les poussent vers cette conclusion.

Saint Paul nous indique qu’il est en train de transmettre un témoignage qu’il a lui-même reçu. Les mots qu’il utilise pour dire qu’il enseigne (du grec parelabon) ce qu’il a appris (du grec paredoka) revêtent une importance particulière. Rappelons-nous que Paul était pharisien avant sa conversion. Or la transmission fidèle des traditions comptait beaucoup pour ce courant du judaïsme.

Même sans cette précision, une analyse textuelle attentive de ce passage à lui seul aurait pu nous mettre sur la piste. En effet, ce passage contient un langage et un style qui ne sont habituellement pas utilisés par saint Paul. Par exemple, l’expression « conformément aux Écritures », qui n’est jamais utilisée par saint Paul dans ses autres lettres, nous révèle qu’il emploie ici un langage qui n’est pas le sien et qu’il est en train de rapporter des paroles qu’il a lui-même entendues.

Cela nous pousse donc naturellement à dater ce kérygme antérieurement à la date où il a écrit sa lettre. Mais, on peut alors aussi se demander quand et d’où lui est venu ce kérygme ?

Pour ce qui est du lieu, il y a trois grandes hypothèses : Damas, Antioche ou Jérusalem. Ce sont tous des lieux où saint Paul a séjourné,  où il a rencontré des chrétiens après sa conversion et où il aurait pu recevoir ce kérygme.

Pour la datation de ce kérygme, bien qu’il n’y ait pas de consensus, plusieurs exégètes s’entendent pour une datation qui est de quelques années seulement après la mort et la résurrection de Jésus. Le kérygme que nous avons reçu et qui est le fondement de notre foi chrétienne est donc un fondement solide. Nous n’avons définitivement pas là un intervalle de temps suffisant pour permettre l’élaboration de légendes au sujet de la résurrection de Jésus. Nous pouvons donc croire, comme saint Paul, que Jésus est vraiment ressuscité.

Voici quelques remarques d’experts au sujet de la datation de ce kérygme :

  • Paul Barnett (1994) : Dans les deux ou trois premières années après la première Pâques
  • Barclay (1996) : Pourrait être daté aussi loin que les années 30
  • Alexander J. M. Weddernburn (1999) : Première moitié des années 30
  • Helmut Koester (2000) : Date d’au maximum de cinq ans après la mort de Jésus
  • Le « Jesus Seminar » (1998) : Date d’au plus deux ou trois ans après la mort de Jésus
  • James D. G. Dunn (2003) : Cette tradition a été formulée dans les mois suivant la mort de Jésus
  • Gerd Lüdemann (2004) : Date d’un ou deux ans après la crucifixion 


Miguel Morin

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